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l'atelier des marronniers
7 juillet 2023

Compostelle 1ère partie : Bilan

Bonjour tout le monde,

Après 1 mois de marche il me semble utile de faire un bilan de mon expérience, partie seule sur le chemin de St Jacques 

 

0 départ Vezelay

Solitude/peur : à part une matinée où nous avons marché à trois, ce que j'ai beaucoup apprécié car c'était un jour sans, j'ai toujours marché seule. Je n'ai jamais ressenti la solitude, on est dans son monde, on cherche son chemin, on admire le paysage et on avance. Par contre, lors de mes nuits en gite ou chambre d'hôtes j'appréciais beaucoup les soirées avec d'autres personnes, pèlerins ou non, et j'ai fait de très belles rencontres. Malgré mon appréhension avant de partir, je suis très contente d'être partie seule. Comme me l'avait dit le permanencier à Vézelay "c'est votre chemin à votre rythme" et il avait raison. En définitive il y a peu de monde sur la voie de Vézelay et je me suis souvent retrouvée seule le soir dans les refuges ou gîtes communaux. Tous les pèlerins que j'ai rencontrés (en maison d'hôtes ou APD, Accueil Pèlerin à Domicile) étaient seuls sauf un couple, parfois 2 marcheurs se retrouvaient dans le même gîte et marchaient ensemble pour la journée. Si un jour vous en avez assez d'être seul.e il suffit de prendre un hôtel ou une maison d'hôtes.

La peur d'être une femme seule sur la route m'a un peu taraudé au début et c'est pourquoi j'avais cherché quelqu'un pour partir avec moi, malheureusement cette personne a été déclarée positive au Covid la veille de partir ! Étant prête, mentalement notamment, j'ai décidé de partir seule et de passer outre mes peurs. Je ne regrette pas et je ne me suis jamais sentie en insécurité. De plus, ma fille m'avait installé l’application "life" sur mon téléphone et me géolocalisait facilement, très pratique quand on cherche une rue dans une ville ! Dans cette appli il y a aussi un bouton "alerte" donc tout a été fait pour que je parte sereine et que la famille soit rassurée. Maintenant je dis aux femmes qui hésitent de ne pas avoir peur et de partir seule. 

2 voies

Marche : contrairement à tout ce qui est dit je ne me suis pas entrainée avant de partir, pas le temps malgré mes bonnes intentions ! Bien sûr exemple à ne pas suivre ! Avant de partir, je marchais une fois par semaine entre 9 et 12 km mais jamais avec un sac à dos et cela fait une sacrée différence. 8kg (avec eau et alimentation) sur le dos ça pèse et je me suis rendue compte qu'au bout d'une heure j'avais mal aux épaules et je devais m'arrêter pour les soulager. C'était un bon timing car avec la chaleur je profitais de cet arrêt pour boire. En parlant de boire, moi qui ne bois pas à la maison hé bien en marchant je buvais plus ou moins 2 litres d'eau/jour !

Mes 2 premières étapes faisaient 21 et 17km à cause de l’éloignement des hébergements, beaucoup trop pour un début. Par la suite je programmais des étapes entre 15 et 18km sans dépasser les 20km. Avec les épaules, la chaleur, le poids du sac et les dénivelés je m'arrêtais très souvent ce qui allongeait mes journées, une bonne chose quand les hébergements demandaient une arrivée après 16 ou 17h mais fatigant. Au cours des semaines, mon corps a pris son rythme et j'avançais beaucoup mieux et un peu plus vite (notamment le matin) puisque les 2 derniers jours j'ai fait 23 et 22km. Sans ce problème de pied je pense que j'aurai beaucoup progressé même si ce voyage n'était pas une course. J'ai toujours marché à mon rythme, tranquillement, et je n'ai jamais hésité à m'arrêter (n'importe où parfois), 1/4 d'heure, 1/2 heure et 1heure pour la pause déjeuner, les 2 premières semaines je faisais même une sieste pendant la pause déjeuner. Je n'ai pas pour ambition de marcher 30 ou  35km/jour comme certains. La marche est un moment d'introspection, de calme intérieur et pas question que ça devienne un challenge. 

15 pause déjeuner

Tracé - balisage : heureusement que j'avais une application sur mon téléphone (GPX viewer2) avec laquelle j'avais téléchargé les tracés/cartes et qui fonctionnait sans wifi car parfois il n'y avait pas d'indication notamment aux carrefours ! Et quand vous êtes au milieu de nulle part, pas question de demander aux passants... Je reproche, comme beaucoup d'autres pèlerins les nombreux jours de marche sur bitume, certains jours 95 % du chemin sur routes (communales ou départementales) et ce n'est pas cool. Grace à mon appli j'essayais d'éviter les routes et trouver des chemins, mais pas toujours facile.

L'appli permet aussi de gagner beaucoup de temps quand le chemin officiel vous fait faire des grandes boucles inutiles (le cas à Châteauroux et Limoges notamment) et d'autres fois vous confirme que vous devez bien prendre ce sentier que vous aimeriez éviter.

17 chemin herbu

Me perdre était une de mes peurs avant de partir mais cette appli m'a beaucoup rassurée et, malgré un sens de l'orientation nul, je ne me suis jamais perdue ! J'avais avec moi le guide Lepère que je lisais la veille pour avoir une idée du chemin mais trop de détails qui trompent : "tournez à la maison aux volets bleus" sauf qu'ils sont devenus blancs ! ou " "entrez dans la forêt et suivez le sentier" sauf que la forêt n'existe plus !! J’ai eu du mal à lire leurs cartes et comprendre entre les chemins balisés et "plus courts" que tout le monde me disait de ne surtout pas suivre. Bref, il vous faut une appli en plus du guide.

Sac à dos : J'ai suivi les conseils d'une jeune femme dont je ne me souviens plus du nom du site donc mon sac est un Osprey 46l à 1,2kg. Je vous mets en attaché la liste de tout ce que j'ai mis dans mon sac. Il faisait 6,2kg mais avec un peu de nourriture et surtout l’eau je suis arrivée à près de 8kg. Dans un 1er temps, je dirai, comme tous les randonneurs qu'il faut alléger au maximum mais n'ayant jamais randonné j'ai pris des "au cas où". Merci aux bureaux de poste qui permettent de renvoyer le "trop", encore faut-il en trouver un d'ouvert quand vous passez. Rapidement je me suis rendue compte que je n'utilisais pas certaines affaires et qu'elles pesaient dans mon sac (pantalon, chemise manches longues, réchaud...) tout est parti à Châteauroux et mon sac a bien été allégé. Du coup je me suis rendue compte qu'un sac de 46l était un peu grand pour l’été.

24-5 plateau

Alimentation : un souci pour beaucoup de monde, certaines fois vous allez régulièrement traverser des villages avec une petite épicerie ou une boulangerie et d'autres jours vous ne traversez que des hameaux et des bois sans rien, donc il vous faut un fonds de secours pour le midi mais aussi le soir et le petit dej. J'ai vu des refuges avec des placards complètement vides ! Aucundépannage ! C’est ainsi qu'un matin j'ai attaqué la grosse montée du Pont des Piles, avant Eguzon, avec dans l'estomac un café et une barre de céréales, dur dur. J'avais donc en réserve du boulgour, 1 sachet de soupe, 1 paquet de nouilles lyophilisées, une petite boite de thon, une boite de sardines, des dosettes de café, quelques dosettes de sucre, des barres de céréales (dans les poches coté), parfois une pomme et assez souvent un morceau de pain. Quand je pouvais je prenais un hébergement avec demi-pension pour avoir un vrai repas sans descendre mes réserves.

13 propriété

5 refuge 2

Les hébergements : vous avez un grand choix ce qui vous permet de varier en fonction de votre fatigue, votre envie de confort, votre budget. Vous avez des dortoirs (4 à 10 lits) de 10 à 18€ la nuit, des chambres pour 2 ou 4 entre 20 et 35€ ; en chambre d'hôte  vous bénéficiez  d'une chambre individuelle avec salle de bain et toilettes pour 40 à 50€ auxquels il faut souvent ajouter la demi-pension à 20€ et enfin dans les hôtels vous avez le choix entre une chambre seule (autour de 40€) ou avec douche (plutôt 50€) et avec toilettes privatives (60€) vous avez bien sûr des hôtels à tous les prix mais dans les villes uniquement. Beaucoup d'hôtels ont encore une douche et un WC par palier ! Attention, donativo ne veut pas dire gratuité et souvent on vous demande un minimum (10€ le plus souvent, 18€ à Vézelay).

22 dortoir

Mes guides : comme la majorité des marcheurs/pèlerins 

  • guide Lepère : donne un découpage des étapes avec indications de temps mais pour de très bons marcheurs uniquement puisque leur vitesse moyenne est à plus de 5km/h !!! quelques indications d'hébétements et services. Des cartes que j'ai eu du mal à suivre et bien sûr le détail du parcours que je lisais la veille et chaque soir j'enlevais les pages devenues inutiles (pas de petites économies de poids)

0 Lepère

  • le Miam miam dodo : une bible pour tous les pèlerins car répertorie tous les hébergements et services tout le long du chemin. personnellement j'avais fait une copie des pages de mes étapes insérées dans les étapes du guide Lepère et idem je jetais tous les soirs. D'autres prennent toutes les pages en photo, à chacun sa méthode 

0 miam miam


Bilan
 - mon ressenti
 : une expérience inoubliable ! Difficile de traduire son sentiment. Je ne me pensais pas capable de tant de résilience, ténacité et hardiesse. Oui, lors de ce voyage vous vous dépassez et vous n'en revenez pas indemne. Moi qui faisais attention aux normes sociales, j'ai fait la sieste dans un cimetière, le long des routes ou chemins, j'ai vécu un mois avec 2 shorts et 2 tee-shirts, j'ai passé des nuits seule en refuge sans jamais avoir peur moi qui met l'alarme à la maison ! J’ai marché des journées entières sous la pluie sans me plaindre (presque !),  j'ai marché sur des chemins que je ne connaissais pas sans jamais avoir peur de me perdre ! Je suis passé par des passages "à risque" qu'ils soient herbus ou périlleux (le chemin du Cassecou à Châteaubrun) mais j'ai toujours avancé. Sans me forcer, sans me poser de question ; le matin je mettais mon sac et j'avancais, c'est tout.

Lors de cette marche, ce qui m’a beaucoup touché ce sont toutes ces rencontres informelles, des gens qui vous croisent et vous souhaitent un bon chemin, d’autres qui viennent vers vous et vous parlent de leur propre chemin avec encore  des étoiles plein les yeux, les automobilistes qui vous font signe, les cyclistes qui ralentissent et vous souhaitent bon courage. Tous ces petits gestes qui  vous boostent et illuminent votre journée.

Mon chemin s'est arrêté à cause de mon pied qui me faisait vraiment trop souffrir. Les derniers jours je ne partais plus heureuse de la journée à venir, mon unique pensée était "mon pied va-t-il tenir ?" et le soir je gérais la douleur. Il n'était pas possible de continuer dans ces conditions. Maintenant je me repose mais je sais que je repartirai car je dois finir ce que j'ai commencé, je veux retrouver le plaisir de la marche, les rencontres inattendues, les moments d'introspection, juste m'émerveiller d'un paysage ou du vol des papillons. 

Comme d'autres pèlerins, je dirais que la marche est une drogue, un moyen d'échapper à un quotidien et de se retrouver. Maintenant, à moi de modifier mon quotidien, sortir des conventions sociales, des responsabilités qui vous minent, prendre du temps pour moi pour les quelques années qu'il me reste.

N'hésitez pas à me faire part de vos remarques dans les commentaires.

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